Le démantèlement des industries françaises s’est déroulé sur des décennies via le processus bien connu des délocalisations. Leur cause principale en est la triviale recherche de profit travestie sous le vocable plus économiquement correct de « compétitivité ». Leur conséquence en est la désindustrialisation du pays.
Des pans entiers de la production française sont tombés jusqu’à ce qu’on en arrive à la chute de l’entièreté des pans. Les mines, le textile, la sidérurgie, les manufactures, la chimie, l’automobile, … Il ne reste que quelques îlots de résistance de ce que furent les continents productifs de la Nation France.
Puis, comme si cette déréliction n’était pas suffisante, et puisque la possession en propre des outils de production ne conditionnait plus leur enrichissement, les détenteurs d’usine se sont commués en détenteurs de titres. Il ne leur était plus nécessaire de s’encombrer de l’administration d’infrastructures, de logistique, de distribution et de personnels – quand bien même ces derniers étaient exploités aux confins européens, africains ou asiatiques -.
Les propriétaires se sont alors voués à des ventes, à des fusions-acquisitions comme des collégiens s’amusent, dans les cours d’écoles, en échangeant des images de footballeurs pour compléter leur album. Les « fortunés français » se sont donc transformés en « compulsifs collectionneurs d’actions » totalement décorrélés de toute notion concrète, hormis la lecture et l’analyse des graphes boursiers. Après que la civilisation a numérisé tout ce qui pouvait l’être, les fortunes ont pris formes virtuelles, savamment cryptées sur des coupons de bourse.
Ainsi la vente à la découpe, tout comme l’hémorragie des délocalisations, s’est expatriée à l’international sans aucune digue, ou plutôt tout juste endiguée par le piètre patriotisme des hauts fonctionnaires, opportunément postés pour lâcher la bride à la déferlante des marchés d’actions et de titres.
Dès lors, à ce petit jeu – la loi de la jungle -, les plus forts purent à loisir manger les petits sans que les États – dont les dirigeants complices ont eux aussi bradé la souveraineté – ne s’en mêlassent.
L’effondrement par délocalisation s’est produit durant les années 80.
L’effondrement par vente à la découpe à l’étranger a démarré dès le milieu des années 90 et se poursuit depuis.
Dans cet article de TF1Info, on peut lire :
« 1608 entreprises françaises [ont été] rachetées entièrement par des fonds américains ou passées sous pavillon américain (avec plus de 50% du capital) depuis 2014, pour un montant total de 178,8 milliards de dollars. Dans le détail, 31 sociétés françaises ont été acquises outre-Atlantique depuis début 2025. L’an dernier, on en dénombrait 138. »
A noter qu’il n’est question ici que des rachats par des entreprises américaines. On verra dans le tableau qui suit que le monde des cessions-acquisitions ne se limite pas seulement aux Etats-unis. L’Asie, le Moyen-Orient et les pays européens ne sont pas en reste.
A
mille lieues de l’exhaustivité, voici une liste des principales
entreprises – souvent stratégiques – vendues à des intérêts
étrangers depuis les années 2000. Liste qui gagnera à être
complétée par vos contributions.
N.B. :
1 – On notera, dans la dernière période, la forte activité de rachats des industries d’armement.
2 – Concurremment, il faudrait enquêter sur un autre marché, plus opaque : celui des brevets et noter la baisse des dépôts de brevets français.