Il s’agit d’une clameur existentielle


Assemblée Nationale

Ce lundi 11 décembre 2023 s’est tenue, à l’Assemblée Nationale, une réunion où se sont retrouvés d’une part les députés du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT), le Président de l’Association des Maires Ruraux et, d’autre part, une cinquantaine de représentants de collectifs militants issus du mouvement des Gilets Jaunes et de la mouvance associée.

Cette réunion s’est déroulée grâce à l’entremise d’André Bellon, Président de l’Association Pour Une Constituante (APUC), qui a mis à profit le fait d’avoir, par le passé, fréquenté ces lieux sous une toute autre casquette.

Merci à lui d’avoir convié, dans toute leur diversité, les citoyens résistants. L’objet de cette réunion, calibrée à trois heures, consistait essentiellement en une prise de contact entre les représentants du Peuple et « représentants du Peuple ». Ce qui donna lieu à diverses prises de paroles libres et quelques déclarations solennelles.

Le texte qui suit a été écrit pour l’occasion et y a été lu dans une version courte.

Il s’agit d’une clameur existentielle

Mmes, Mrs les députés,
Mmes, Mrs compagnons citoyens,

Chacun peut analyser de façon différente les raisons pour lesquelles se tient cette réunion.

Pour ma part, je pense que nous sommes réunis ici aujourd’hui car nous sommes tous rendus à l’évidence que les mouvements populaires de ces dernières années ne sont plus seulement des mouvements dits sociaux mais désormais des mouvements citoyens. Sinon nous ne serions pas là.

Il ne s’agit plus uniquement de revendications syndicales, de doléances sociales ou sociétales. Il s’agit encore moins de mécontentements éphémères que le gouvernement peut éteindre par quelques mesures techniques.

Par mouvement citoyen, j’entends mouvement qui dépasse la matérialité des revendications. Par mouvement citoyen, j’entends mouvement qui exprime un désarroi populaire quant au fait même d’être citoyen.

Il s’agit d’une clameur existentielle.

Le mouvement des Gilets Jaunes, les mobilisations contre les deux réformes des retraites, l’élan contre les mesures liberticides subies lors de ladite Crise Covid, s’ils portaient chacun une légitime colère, ont drainé en leur sein le même sentiment de sourde dépossession des droits fondamentaux.

Dans sa forme la plus épidermique, ce sentiment s’accompagne d’une certitude : Ce qui manque aux tableurs comptables de la froide mécanique économique chérie par les technocrates au pouvoir, ce sont les colonnes dignité et honneur.

Il s’agit bien d’une clameur existentielle.

Alors que tous les technocrates regardent vers le bas, à scruter « les fondamentaux » forcément économiques, personne ne regarde vers le haut.

Pourtant les piliers ne tiennent que par la robustesse des clés de voûtes qui les relient. Parmi celles-ci, il y en a deux qu’il faut rétablir d’urgence :

La Démocratie et la Souveraineté

C’est lorsque Démocratie et Souveraineté ont disparu que leur valeur vitale se révèle à nouveau.

Nous devons le réaffirmer, ici, à l’Assemblée Nationale :

La Démocratie n’est pas seulement un système électoral. Un scrutin ne suffit pas.
La Démocratie est avant tout un régime de contre-pouvoirs en réseau.

Or, nous le savons, le système électoral est entravé de toute part :

• Non reconnaissance du vote blanc
• Proportionnelle insuffisante,
• Absence d’options référendaires,
• Verrouillage des initiatives parlementaires,
• Seuil des 500 signatures,
• Diktat des sondages et du vote utile,
• Lavage de cerveau médiatique, etc.

Les contre-pouvoirs, quant à eux, ne sont quasiment plus que décoratifs, et le peu qu’il en reste participe de l’avantage exorbitant phagocyté par l’exécutif.

Même la Constitution et les droits fondamentaux – le dernier rempart – sont floués :

Entraves à la liberté de manifester, à la liberté d’expression, au droit à disposer de son corps, au droit de circuler librement (arrestations préventives, « ausweiss » sanitaires et bientôt climatiques), utilisation d’armes de guerre contre la population, etc…
Sans oublier le « Verrou de Bercy » et les allégeances du Conseil Constitutionnel et du Conseil d’État.

Ajoutons ce qui devrait justifier tous les écœurements envers cette décadence En Marche : Pantouflages et rétro-pantouflages, conflits d’intérêt, népotisme, capitalisme de connivence, renvois d’ascenseur et corruption ordinaire.

La Démocratie n’est plus (si elle a jamais existé), et se satisfaire de la pantomime actuelle n’est que déni hypocrite et irresponsable.

Si les actes ont des conséquences, le déni aussi.

Quant à la Souveraineté, la pente européiste sur laquelle ont sombré tous ses attributs est le théâtre d’une incontestable haute trahison collective :

• déni du référendum de 2005,
• primauté du droit supranational européen,
• délégation monétaire,
• soumission à des technocrates non-élus,
• abandon de l’initiative des lois à Bruxelles,
• abandon d’une politique économique soumise à des traités négociés sous l’emprise de lobbys privés et d’intérêts extra-nationaux,
• mise sous tutelle supranationale de la santé, de la défense et de la politique étrangère,
• asservissement à l’Otan,
• tentation du Ministère de la Vérité via la censure des réseaux sociaux, etc.
• Et les européistes, non contents du hold-up de 2008 (Lisbonne), veulent encore et encore réaliser le dessein fédéraliste pour lequel personne n’a voté.

La Souveraineté n’est plus

Nous n’en sommes plus au stade de la démonstration ; nous faisons des listes. Des listes d’entraves, et d’entorses, et de délits qui s’accumulent jour après jour ; autant de preuves qu’aucun juge ne veut ou ne peut instruire au risque de se brûler les doigts.

Il s’agit bien d’une clameur existentielle, bâillonnée par un système mafieux en route pour un régime toujours plus totalitaire. D’ailleurs, le fait qu’aucune voie de recours ne soit accessible aux citoyens le confirme.

Il s’agit d’une clameur existentielle.

On peut aussi visiter d’autres décombres de la République : services publics, hôpital, enseignement, sécu, transports publics, justice, armée, diplomatie, politique industrielle, planification … La liste est longue.

Tandis que certains (de moins en moins nombreux) ont encore le loisir de passer grassement à la caisse, le guichet des laissés-pour-compte ne cesse de s’encombrer toujours plus encore.
La pente est dramatiquement logique :

Des décombres de la République procèdent le désarroi social, l’appauvrissement et la misère.

Du désarroi social découlent divisions (communautarisme et haines croisées) et morcellement de la Nation.

Du morcellement de la Nation découlent la défiance et la peur, l’atomisation des liens entre individus, le chaos et, enfin, la mort du Peuple.

Alors que l’on retienne ou pas que Démocratie ET Souveraineté soient, pour la démonstration, des clés de voûtes déterminantes, il ne s’agit plus de discussions intello-joyeuses sur l’efficience des lois, sur l’orthodoxie morale d’une Constitution, sur le Juste ou le Démocratique…

Il s’agit d’une clameur existentielle.

Il s’agit de survie, de mort et d’oubli,
d’honneur et d’humiliation,
de force ou de soumission,
de gloire et de défaite.
On dit qu’un jour ou l’autre les Empires s’effondrent,
mais soyons-en conscients :
les Nations aussi peuvent disparaître.

Afin que ce discours n’élude rien, on devra aussi parler de solutions, parler d’objectifs.

Réparer l’organisation Politique, même si cela a d’indiscutables effets sur le réel, est nécessaire mais pas suffisant.

Il serait présomptueux et erroné de penser soigner la Nation en ne se penchant QUE sur la plaie Politique et en négligeant les réalités économique et sociale tout autant malmenées.

Elles sont intimement imbriquées et les solutions ne feront pas l’économie d’investigations complexes.

En conclusion, la formule de politesse finale pourrait inclure une expression du genre « nous nous en remettons à vous, Mmes et Mrs les députés… » et ainsi vous refiler le bébé, mais c’est à vous, et avec nous, et tous ensemble que nous devons nous en remettre.

L’urgence est là. J’espère que vous en avez la conscience la plus aiguë qu’il soit.

C’est pourquoi nous attendons de vous, Mmes et Mrs les députés, que vous agissiez et pesiez de tout votre poids pour braver les périls qui menacent la France.

Nous vous soutiendrons, comme nous attendons de vous que vous nous souteniez.


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