A l’heure où la crise sanitaire est déclarée – et nul ne sait où elle nous mènera -, une autre crise bien plus monstrueuse encore (pardon aux « victimes » pour cette sorte de hiérarchisation malaisante) a déjà commencé.
A ce propos, le silence des médias ne fait que conforter l’incurie des organes d’information qui ont définitivement perdu la crédibilité qu’ils revendiquent si pathétiquement.
Depuis des mois – et en fait depuis la crise de 2008 – l’économie ne tient que par des interventions massives des banques centrales qui injectent régulièrement des sommes colossales dans le système financier pour maintenir les marchés à flot – à coup de milliers de milliards de dollars et d’euros -.
Alors que l’orthodoxie budgétaire confine théoriquement les banques centrales a un rôle de régulateurs de taux interbancaires laissant la création monétaire aux banques privées (les banques centrales ne font qu’imprimer la monnaie, alors que l’activité des banques privées commande/ordonne la création monétaire), le système s’est tellement fourvoyé en générant produits dérivés, Credit Default Swap (CDS), titrisations, paris à la baisse ou à la hausse, stocks buy back, taux négatifs, … qu’il est devenu incapable de survivre sans solliciter les banques centrales qui n’ont d’autre choix, pour maintenir ce marché vérolé, que de racheter tout et n’importe quoi de ces valeurs virtuelles qui n’ont plus aucun rapport avec l’activité réelle.
Le 14 septembre 2019, l’inflexion fatale a commencé sur les marchés du REPO (compensations interbancaires) aux Etats Unis.
Chaque jour, les grands opérateurs financiers se doivent d’équilibrer leur bilan quotidien entre eux afin tout simplement de ne pas se voir déclarés en faillite dès le lendemain (pour ceux qui sont déficitaires). Pour cela, les déficitaires doivent présenter un « collatéral » (une valeur d’échange qu’ils prennent sur leurs actifs – dettes, obligations,… -. Ores, ces organismes ne se font plus confiance ou estiment que les collatéraux présentés ne sont pas fiables. En conséquence, pour que ces opérateurs – banques, assureurs, fonds de placements,… – ne plongent pas, les banques centrales se substituent aux « acheteurs » pour éviter des faillites.
Ainsi, en septembre 2019, 50 puis 75 milliards de dollars par jour étaient nécessaires. En Décembre, les appels de fonds quotidiens, à quinzaine, à 3 mois se comptaient par centaines de milliards. Le 16 mars, la Fed a mis à disposition au REPO 500 milliards de dollars !!!
Dans le même temps, la BCE reprenait ses programmes de Quantitative Easing (QE) en Europe à coup de centaines de milliards d’euros. (750 milliards d’euros le 19 mars 2020)
Au début mars 2020, le programme US avait atteint 1 750 milliards d’injection monétaire. A la 2ème semaine de mars, la FED injectait 307 milliards de dollars (plus que les 162 milliards injectés en un mois en mars 2009).
Le 22 mars 2020, la FED (aux côtés de Donald Trump) annonçait un plan de 4 000 milliards de dollars pour soutenir l’économie, couplé à la distribution de 3 000 dollars par foyers US de 4 personnes et des aides directes aux chômeurs (non détaillées).
Ces injections de liquidités ne seront évidemment jamais compensées (remboursées) tant aux US qu’en Europe, ni au Japon où les mêmes « manœuvres » ont lieu. Et rien n’indique qu’elles s’arrêteront.
Signalons que dans le même temps, sous couvert de coronavirus, à la 2ème semaine de mars, 14 millions de travailleurs US (9%) n’ont eu aucune paye et se sont retrouvés au chômage.
Du côté des entreprises US, les affaires ne vont pas mieux puisque début décembre 2019, elles avaient vendu aux investisseurs pour 1 000 milliards de dollars d’obligations (emprunts gagés) soit l’équivalent de 47 % de l’économie globale du pays.
Depuis ce record a été enfoncé à « l’avantage » de taux d’intérêts proches de zéro (argent gratuit ! c’est le moment d’emprunter !). Si ces entreprises avaient utilisé cet argent pour effectivement investir, le cauchemar serait moins sombre, mais elles ont choisi de racheter avec cet argent « quasi gratuit » leurs propres actions pour faire monter leur cotation en bourse.
Ces entreprises ont un nom : entreprises zombies. Une statistique circule qui indique que 52 % des entreprises US sont de fait « zombies », mortes vivantes.
En Europe, l’ambiance n’est pas meilleure puisque les taux négatifs ont accentué ce comportement de ce côté-ci de l’Atlantique. Quoi de plus réjouissant que d’être payé pour emprunter !!
A « l’avantage » des taux négatifs, les états se comportent de la même façon et émettent des obligations à un rythme jamais vu.
Le 15 décembre 2019, c’était l’état italien qui rachetait pour 900 millions de dettes pour sauver Bank Populare di Bari.
40 % de la dette chinoise, contractée en dollars arrive à maturité en 2020
Signalons aussi qu’un Bank Run (les clients se ruent aux guichets pour retirer leur argent) se déroule actuellement au Liban où les banques ont dû fermer leurs agences.