Complotistes et fiers de l’être
Au vu de la fréquence à laquelle les « versions officielles » deviennent les fake news officielles, et, à l’inverse, au vu de la consécration régulière des versions complotistes reconnues finalement vraies, être cru après coup sera peut-être le destin de la plupart des complotistes actuels ? Crucifiés puis sanctifiés.
Karl Popper, en 1979, dans son livre « La société ouverte et ses ennemis », théorisait la Théorie du Complot, « Thèse selon laquelle il suffirait, pour expliquer un phénomène social, de découvrir ceux qui ont intérêt à ce qu’il se produise ». Pour disqualifier cette démarche, il poursuivait : « Les dieux d’Homère, dont les complots expliquent la guerre de Troie, y sont remplacés par les monopoles, les capitalistes ou les impérialistes ».
Comparer la Trinité monopoles, capitalistes et impérialistes aux Dieux de l’Olympe en dit long sur les inclinaisons idéologiques du personnage dont, étonnamment, les travaux trouvèrent un écho jamais démenti. Son opportune caution intellectuelle sera dès lors utilisée et instrumentalisée à l’infini par ses dieux affairistes et potentats dont les desseins, comme chacun sait, sont toujours soucieux du bien commun et marqués du sceau de l’altruisme le plus désintéressé.
Voilà les dés étaient jetés. Du même coup, ces derniers gagnaient le statut, qui vaut passe-droit, de victimes potentielles d’attaques irresponsables et paranoïaques.
Désormais seule l’option systémique ou la faute à pas de chance seront la cause des désastres ou des désarrois, et plus jamais ne sera envisagée l’éventuelle cabale de quelques-uns contre tous. D’un geste d’un seul était balayée l’une des options qui pouvait expliquer, rationaliser un fait délétère pour tout ou partie d’une société.
Pourtant, tout grand penseur épistémologiste qu’il fut, il faut rappeler à K. Popper que fermer un champ d’investigation n’a rien de scientifique. Comme il ne serait pas scientifique de ne se tourner que vers l’option de responsables identifiés ou identifiables. Cependant cette honnêteté intellectuelle, louable quand les circonstances et les faits l’exigent, n’est jamais présente dans la tête de ceux qui dénient, en premier réflexe, l’intervention funeste de possibles comploteurs.
Ceux-là préfèrent incriminer d’abord ceux qui dénoncent plutôt que d’explorer la raison de leur scepticisme et de leurs soupçons.
Il se dit que s’il faut se garder de voir des complots partout, il est vital de s’interdire de n’en voir nulle part. Pourtant il semble que le second écueil s’attache un plus grand nombre d’adeptes qu’on qualifiera pour l’instant d’insouciants.
Tout se passe comme s’il était plus urgent de voir les lanceurs d’alertes se justifier que de se tourner vers le péril dénoncé. Tout se passe comme si, en matière de complot, les dits complotistes étaient LE sujet, et le complot, l’accessoire, un objet périphérique fondu dans le décor.
« Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt » dit le proverbe chinois.
Ainsi, l’usage veut qu’on se focalise sur le complotiste plutôt que sur le complot, qu’on soumette d’abord à la Question le messager avant de lire le message.
A se demander si « complot » est un mot encore valide dans le dictionnaire.
Un Complot est un « Projet concerté secrètement afin de nuire » nous dit-on. Mais, comme toute définition appliquée à une notion complexe, il est nécessaire de la compléter pour en visiter plus précisément la signification.
Projet effectivement, mais pour être complet, il faut lui associer un plan qui pointera le passage à l’acte et identifier les moyens mis en œuvre.
Concerté effectivement, mais pour être précis, il faut souligner l’association implicite entre plusieurs comploteurs qui peuvent nourrir des intérêts différents mais qui, pour l’occasion, peuvent être convergents.
Secrètement effectivement, mais pour être précis, cela suppose des stratégies de dissimulation comme le mensonge, la duplicité, l’imposture, l’usage de propagande ou d’ingénierie sociale, des actes en faux drapeau, etc.
Afin de nuire effectivement mais s’en tenir là c’est s’arrêter au pied du mur et éluder les motifs de cette volonté de nuisance.
Manque à cette définition un commentaire sur la nature du complot.
Nature du complot : Un complot, du fait de son action souterraine, correspond immanquablement à des menées inavouables, des intentions moralement condamnables au point que ses auteurs optent pour l’action secrète.
A visiter les recoins de l’acception « complot », sa caractéristique principale est le secret.
Le secret détermine, non seulement le complot, sa puissance et son efficacité, mais aussi tout son univers, notamment le profil de ses auteurs.
Le fiel de la dissimulation se répand aussi jusqu’à ceux qui voudraient lever le secret mis en difficulté par la charge de la preuve et la défiance du public.
Et, comble de la perversion inhérente à la méthode, le secret alimente le déni de ceux qui refusent son existence par incrédulité ou par honte de s’être fait prendre au jeu (ou au piège). Ainsi même les preuves objectives seront rejetées par les victimes, souvent inconscientes, de la nuisance des comploteurs.
Enfin un complot se caractérise par la chaîne des fins et des moyens pour satisfaire aux intérêts de ses commanditaires.
Comploteurs ou conspirateurs : personnes parties prenantes au complot.
Complotistes ou conspirationnistes : personnes investies dans la révélation d’un complot.
Nous rejetterons la version paranoïde du mot dans laquelle un complotiste est une personne qui voit des complots partout et qui n’utilise que cette grille de lecture. La psychiatrisation déconsidère ceux qui l’utilisent.
On me dit que des complotistes se sont glissés dans la salle… (paraphrase de Desproges)
Le récent et très pertinent plaidoyer d’Etienne Chouard pour le complotisme mérite qu’on s’y attarde.
En substance, il pointe la faillite des journalistes dont le rôle devraient être celui de complotistes de métier, de citoyens spécialisés dans la surveillance des conflits d’intérêts, de vigies au sein d’un contre-pouvoir.
E. Chouard ajoute qu’ils aggravent leur cas par une soumission aux intérêts mêmes qu’ils devraient justement dénoncer, soumis aux puissants qui se sont rendus propriétaires des médias, et par conséquent de leur outil de travail, de leur carrière et de leur existence professionnelle.
S’ajoute à cette soumission, la traque stupéfiante (fact-cheking) qu’ils entreprennent contre ceux-là même qui tentent de compenser l’incurie dont ils font preuve, contre les dignes complotistes, contre des citoyens exemplaires.
A cela nous ajouterons qu’au-delà de cette soumission pécuniaire et opérationnelle, les journalistes ont aussi succombé à un lavage de cerveau auquel ils ne peuvent échapper sous peine, devant le visage de leur duplicité, de ne plus en dormir la nuit.
Nous avons donc affaire à une démission intellectuelle généralisée, drapée dans la cohérence, sculptée jours après jours, d’un nombre grandissant d’informations orientées et de mensonges.
Dans son livre « L’Emprise », Régis Debray rappelle la citation de Karl Kraus :
« Les guerres commencent lorsque les politiciens mentent aux journalistes et qu’ils se mettent à croire ce qu’ils lisent dans les journaux ».
Cette confusion mentale instillée par le mensonge circulaire et auto-généré s’est répandue au-delà de la seule connivence entre diplomates et journalistes et touche aujourd’hui les pans entiers des sujets de société et devient même, par contagion, une question anthropologique.
Car une telle confusion mentale induit toute sorte de déficits cognitifs, contaminant les champs scientifiques et les capacités logiques, érodant le sens commun et la recherche du juste, et aboutissant à une déchéance morale confinant parfois à des dérives psychiatriques.
A ce stade de la lecture, il y a fort à parier que nous avons déjà perdu les conformistes, allergiques à toute idée de complot. Pourtant à ceux-là, faut-il apprendre la Nature Humaine, l’histoire de l’humanité, les vices de l’âme et l’effet démultiplicateur du moindre pouvoir sur les meilleurs ? Pour ceux-là, le tampon d’une démocratie pantomime apposé en bonne et due forme en guise de couvercle à toutes les questions dérangeantes suffit à les rassurer. Une élection, un peu de Droit et le Bon Discours-qui-va-bien suffisent à les endormir.
Étienne de la Boétie dans son « Discours de la Servitude Volontaire », parlant de cet endormissement, allait plus loin encore en pointant une complicité passive :
« Il est vrai qu’au commencement on sert contraint et vaincu par la force ; mais les successeurs servent sans regret et font volontiers ce que leurs devanciers avaient fait par contrainte. Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. »
Le génie du temps maléfique est que le Discours de La Boétie passe aujourd’hui pour un simple plaidoyer pour la Liberté alors qu’il s’agit d’un appel à l’intranquillité citoyenne, à un éveil des consciences, à une supplique pour la renaissance de l’homme, véritable souverain de lui-même, adulte et responsable de sa destinée.
Voilà donc campé en creux la figure du complotiste vis-à-vis de ceux qui se défendent de l’être.
Être complotiste c’est a minima faire noble œuvre de veille citoyenne et, a maxima alerter des périls existentiels de toute l’humanité… Rien que ça.
Être complotiste c’est un sacerdoce… Rien de moins.
Que les complotistes s’inquiètent à tort ou à raison, comme le dit Chouard, ce n’est pas grave, ni même important. Au moyen-âge, les Chevaliers du Guet faisaient bien leur ronde toutes les nuits, mais la plupart des nuits étaient tranquilles « Dormez bonnes gents ! ».
Mais le génie du temps maléfique nous promet bien peu de nuits tranquilles. Désormais les Chevaliers du Guet sont arrêtés pour tapage nocturne afin que les bonnes gents continuent de dormir à poings liés.
« Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux ! »
Les Béatitudes – Évangile de Mathieu
Voilà le mantra que semblent suivre les dormeurs insouciants.
Pour ceux-là, la complosphère est un puits sans fond. Une descente vertigineuse entre mensonges, duplicités, paranoïas, amertumes, frustrations, haines et suspicions. Tout y est sombre, puant et suintant. Un vrai repoussoir ! Alors à quoi bon s’y risquer ?
Pour eux, les complotistes, en masochistes invétérés et amoureux des bennes à ordures, ont leur lieu de villégiature nauséabond. Jamais ne leur vient à l’idée de penser bonheur, lumière, soleil et joie.
« L’enfer a été fait pour les curieux. »
Saint Augustin
Pour eux, les insouciants, mieux vaut se pincer le nez et détourner le regard comme ces propriétaires qui n’approchent jamais leur fosse septique, lieu inavouable, point aveugle de leur gracieuse maisonnée, fosse que les déjections de leurs propres entrailles alimentent pourtant tous les jours.
Voilà le grand tort des complotistes. Empêcher que la poussière soit glissée sous le tapis, montrer l’immoralité, la malhonnêteté, l’impureté, l’indécence, la perversion et le vice. Toutes ces choses qui gâchent un bon dimanche de pêche à la ligne.
Tant pis si les injustices s’accumulent, si les biens mal acquis tombent entre de mauvaises mains, si les victimes tombent en masse… pourvu qu’il y ait du gâteau en dessert.
Alors évidemment tous les complots ne se valent pas, mais la désinvolture à tout crin pour défendre jalousement la précieuse quiétude des Ponce Pilate qui s’en lavent les mains a ses limites.
Au vu de ce qui se passe actuellement, les enjeux pourraient se rapprocher dangereusement de ceux qui ont inspiré ces mots du Père Martin Niemöller au sortir de la guerre en 1946 :
« Ils sont d’abord venus chercher les communistes, et je n’ai rien dit, parce que je n’étais pas communiste
Puis ils sont venus chercher les syndicalistes, et je n’ai rien dit, parce que je n’étais pas syndicaliste
Puis ils sont venus chercher les Juifs, et je n’ai rien dit, parce que je n’étais pas juif
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour me défendre »
Il est un moment où passivité devient complicité.
Les pigeons
Il était une fois, Kyle MacDonald, jeune canadien. Un jour, il échangea un trombone rouge contre un stylo en forme de poisson. De là l’idée lui vint de continuer à échanger des objets pour toujours obtenir « mieux ».
Alors, de fil en aiguille, il troqua un bouton de meuble en forme de visage souriant, puis le bouton contre un réchaud de camping, le réchaud contre un générateur. Vinrent un fût de bière, un néon Budweiser. puis une motoneige, un contrat d’enregistrement de chanson, un après-midi avec Alice Cooper. Finalement, un producteur de film lui offrit un rôle dans le thriller Donna on demand. Et pour finir Kyle échangea ce rôle… contre une maison.
Kyle écrivit un livre, fit une tournée mondiale et vendit les droits cinématographiques de son aventure.
Il fut médiatisé, encensé par la presse tout en restant « décontracté et chaleureux, refusant de devenir un modèle. » Définitivement génial, il déclare entre autres saillies démagogiques : « Plus que les objets et leur valeur matérielle, ce qui compte avant tout ce sont les hommes et les échanges d’idées. »
Mais ce qu’une personne non décérébrée doit retenir, c’est que ce gentil jeune homme a trouvé suffisamment de pigeons consentants pour transformer un trombone en maison. Ce qu’il faut comprendre est que l’esprit du temps a été capable d’en faire une star exemplaire, un modèle pour chacun avec la complicité de relais médiatiques lénifiants. L’esprit du temps a soumis les bienheureux spectateurs de ce conte moderne par la sape méthodique de leur jugement critique et l’extinction de leur regard objectif sur le réel.
Alors oui, ce n’est pas un complot, mais cette histoire véridique illustre la trame, la matrice sur laquelle prospère la barbarie contemporaine jouant de la naïveté et de la crédulité des consum-acteurs. Tant pis pour les pigeons qui n’auront pas même le loisir, ni même l’idée de déposer leur chiure sur le toit de cette maison, maison qui – cerise sur la marmelade de cervelle – est devenue un détour touristique pour beaucoup d’autres pigeons. Tant pis, donc, pour les pigeons qui l’ont bien mérité.
Nous vivons une époque formidable !!
Ainsi cette fable nous raconte Bisounours Land où personne ne veut de mal à personne, où la suspicion est non seulement amputée mais inenvisageable, où les intérêts contradictoires n’existent pas et où la perversion non plus.
Nul besoin de lourd complot pour montrer le décalage qu’il peut y avoir entre l’inconscience bienheureuse vendue en barres dans les kiosques et à la télévision, et les réalités sanglantes du monde.
« Les foules n’ont jamais eu soif de vérité. Devant les évidences qui leur déplaisent, elles se détournent, préférant déifier l’erreur, si l’erreur les séduit. Qui sait les illusionner est aisément leur maître ; qui tente de les désillusionner est toujours leur victime. »
Gustave Le Bon – Psychologie des foules (1895)
Pas d’Histoire sans complots
Les complots ont toujours existé. Par milliers. Zeus et ses frères terrassant leur père Kronos, Brutus qui poignarda son père adoptif, César, la Fronde du Duc de Guise, les intrigues de cours de tout temps et partout dans les royaumes, le complot ourdit contre Hitler, l’assassinat de Kennedy, le Watergate, ou les attentats du 11 septembre 2001. Il serait manquer au devoir de ne pas citer les travaux d’influence incessants des banquiers et financiers au cours des siècles : banquiers lombards, privilèges de la Ligue hanséatique, lobbying bancaire, la réunion secrète qui décida de la création de la FED sur l’île Jekyll, instauration du Ponzi « argent-dette », captation de la création monétaire indirecte par les banquiers privés, spéculations immémoriales, etc… Sans oublier les mensonges, parties visibles des icebergs comploteurs : les bébés koweïtiens arrachés des couveuses, le sachet d’Anthrax de Colin Powell à l’ONU, les armes de destruction massive de Saddam, les bombardements meurtriers de Kadhafi, les « incidents » du golfe du Tonkin, la dépêche d’Ems, …
L’histoire des complots (tromperies tactiques, fausses informations, attaques sous faux drapeau, mensonges d’état,…) est un puits sans fond.
Les complots ont toujours existé ce qui implique, en toute logique, que ceux qui s’exercent à les dénoncer ont aussi toujours existé. Mais aujourd’hui ceux-la sont poursuivis à l’instar de Manning, Snowden ou Assange. Pourtant ils avaient les preuves. Donc, soit vous avez les preuves et vous risquez la prison, soit vous n’en avez pas et… vous risquez la prison. Tout va bien dans le « Meilleur des Mondes », du titre de cet ouvrage d’Aldous Huxley où le libre-arbitre a disparu des esprits.
Alors souvenons-nous encore un peu de ces figures emblématiques du « complotisme » avant qu’elles ne disparaissent des bases de données, albums et coupures de presse autorisés par le Ministère de la Vérité, cher à Georges Orwell, cet autre auteur bientôt condamné à son tour, à n’en pas douter, à l’effacement.
Souvenons-nous de l’agent Mulder dans X-files qui pense que « la vérité est ailleurs ». A défaut de preuves, son enfer est de n’être jamais cru et d’être renvoyé à une paranoïa pathologique. Sa seule planche de salut est d’étoffer jour après jour sa théorie d’un réseau d’indices qui la rend cohérente au point de devenir, aux yeux des autres, probable.
Souvenons-nous aussi de Cassandre, bien avant Mulder, qui était, dans la mythologie grecque, la figure archétypale de ces personnages que l’on qualifie aujourd’hui de complotistes. Elle fut dotée par Apollon du pouvoir de prédiction mais condamnée à ne jamais être crue. Ainsi elle dut assister tout au long de sa vie à des morts et des massacres qu’elle ne fut jamais en mesure d’empêcher.
Un autre personnage célèbre portait lui aussi un message tragique. Celui-là n’y allait pas de main morte. Le complot était planétaire et les responsables en étaient les Hommes dans leur totalité. Plutôt que l’absolution de leurs péchés, les Hommes ne l’ont pas cru et l’ont crucifié. Il s’appelait Jésus.
Il y a une dimension christique dans la figure du Complotiste, et le rejet dont celle-ci fait l’objet n’est peut-être pas étranger à la névrose judéo-chrétienne ancrée dans notre psyché :
« Je suis victime car j’ai fauté et mon destin est d’expier ».
Du miel pour les comploteurs pour qui la voie est parsemée de joues gauches docilement tendues. A méditer…
« Les mécontents, ce sont des pauvres qui réfléchissent. »
Talleyrand
Petits complots deviendront grands, se marièrent et eurent beaucoup de victimes
Parlons enfin des sujets qui fâchent et entrons dans le labyrinthe ténébreux où les complotistes se complaisent à séjourner pour leurs loisirs « tordus ». Une excursion pleine de frayeurs et de bêtes immondes.
D’abord en matière de complot, il y a des catégories.
On trouve en entrant des petits complots qui jonchent le sol. Les plus nombreux, à n’en pas douter.
Des restes d’affaires judiciaires, des contournements de normes, des falsifications de chiffres, des défauts de fabrications, des obsolescences programmées et des fraudes diverses et variées ayant entraînés appauvrissements, ruines, blessures ou décès de consommateurs et de petits sous-traitants.
Avant d’avoir été dénoncées avec succès, les alertes, les démarches, les manifestations, les mobilisations, les plaintes des personnes lésées avaient été systématiquement vouées à l’infamie complotiste, discréditées ou tout au moins accusées de paranoïa injustifiée.
Ces petits « complots » sont si nombreux qu’ils en deviennent insignifiants… On s’habitue.
Qui se souvient, dans les années 80, de l’affaire des huiles frelatées venant d’Espagne où de l’huile de vidange avait été mélangée à l’huile d’olive pour réduire les coûts ? Plus récemment citons Lactalis, Monsanto, les constructeurs allemands comme VW et leur fraude au taux de pollution, les prothèses mammaires et toute la bordée d’affaires de Big Pharma. Liste à compléter ad nauseam…
On trouve ensuite des objets plus lourds, des complots plus conséquents. D’abord les affaires qui ne sont pas « sorties » ou encore non résolues. L’obsolescence programmée des ampoules ou des piles, celle de l’électro-ménager ou de l’informatique par exemple. Les virus informatiques créés par ceux-là même qui vendent qui des antivirus, qui les systèmes d’exploitation eux-mêmes, l’Agroalimentaire ou les fabricants de produits alimentaires jamais avares de baisser leurs coûts au détriment de la santé des consommateurs, les vendeurs de cosmétiques dont on soupçonne la même volonté d’économie aux dépens de la qualité (nanoparticules, fluor, etc.).
Plus loin des complots plus lourds encore. Des complots de connivence.
Les ententes commerciales qui font régulièrement l’objet d’amendes par les autorités de la concurrence (produits d’hygiène, cartel des ascenseurs, fabricants de téléviseurs, cartel du yaourt, cartel des constructeurs de poids lourds, de la grande distribution, entente entre opérateurs de télécommunication, etc.)…
Ou les alliances croisées comme celle entre l’industrie alimentaire et les Big Pharma : plus de sucre, plus de sel, plus de gras entraîne plus de diabètes, plus de problèmes cardio-vasculaires et plus de morbidités adipeuses.
Dans l’ombre, les murs sont tapissés de statues monumentales : les manipulations financières avec leurs ventes à découvert, leurs effets de levier, leurs spéculations boursières sur l’énergie, les matières premières et alimentaires. Autant de deals de casino mettant en jeu des filières entières de productions, des emplois et des vies. Autant d’ordres de bourse par lesquels, d’une pression sur le bouton « enter », il est décidé de pénuries et de famines pour le profit et le bon plaisir de quelques-uns.
Nous sommes en présence de la Haute Finance où la désinvolture irresponsable décide de la vie et de la mort de millions de personnes de par le monde.
La laideur de ces statues monumentales est d’autant plus insoutenable que leur visage affecte une indifférence abjecte aux horreurs dont elles sont coupables.
Là où les manigances mesquines des précédents comploteurs sont quelque part assumées sous cape, les matamores traders et gestionnaires de fonds n’ont pas le moindre début d’empathie pour les pions humains prisonniers de leurs tableurs.
Dans ce labyrinthe, quelle que soit la direction vers laquelle on se tourne, on ne voit que duplicité, conflit d’intérêt, fraudes commerciales, publicités mensongères, spéculations froides, pactes de corruption. Rien d’exceptionnel en définitive. Que de l’ordinaire… la noirceur du monde.
Mais dans l’ombre, alentours, des masses énormes se dressent, certaines aussi hautes que la voûte des catacombes de la complosphère. Des machins inimaginables et tentaculaires !
Là on aperçoit des connivences illicites entre toute sorte d’acteurs. Des commerciaux, des boursicoteurs évidemment, mais aussi des institutions publiques, des ONG, des militaires, des diplomates, des gouvernements et même des scientifiques. Du lourd !!!
Les plus effroyables renferment les duplicités les plus abjectes où, travestis en honorables protecteurs, des associations caritatives, des industriels affables ou les Big Pharma accréditées se jouent de la faiblesse des gens avec la bénédiction des politiciens corrompus.
Scandales du sang contaminé, Lévothyrox, Médiator, Distilbène, Isoméride, Vioxx, hormones de croissance, Dépakine, etc… auxquels on pourra hélas ajouter l’aluminium dans les injections, les essais thérapeutiques de vaccins en population ouverte ou les nanoparticules en pharmacopée ou en cosmétique.
On parle de morts, de mutilations, de handicaps lourds, de vies brisées, non seulement de celles des victimes directes mais aussi de celles des familles et des aidants… des millions de personnes.
Là, nous sommes entrés dans le véritable et terrifiant univers du complot. L’hydre effroyable étend ses tentacules parfois sur des étendues planétaires. Il faudrait le talent d’un Lovecraft pour dépeindre l’extrême hideur de ces monstres dignes du Cthulhu.
L’hydre est là dans l’ombre, on la devine.
Est-elle l’émanation d’une funeste inclinaison collective au malheur charriant indifféremment, époques après époques, victimes et bénéficiaires, ou bien est-elle incarnée quelque part, dans d’obscurs cercles de comploteurs ? Voilà la question piège qui englue le malheureux complotiste dans le discrédit jeter sur lui par ceux qui ne voient dans ces ténèbres qu’une simple grotte emplie de surprises ludiques et aventureuses.
Dans son livre « Libre d’obéir », Johann Chapoutot ne s’y trompe pas. La « banalité du mal », dont nous parle Hannah Arendt, n’est pas le fait d’assistants décérébrés qui appliqueraient les ordres sans réfléchir et donc… sans être responsables. Elle est devenue une normalité assumée.
Par la compétition systémique et la corruption ordinaire, en passant par le banal appât du gain, flouer, escroquer, profiter, spéculer, mentir pour parvenir à ses fins sont devenus des comportements normaux.
Ne pas dépecer en règle est un crime d’ingénuité fatal.
Un tir de LBD, ça se rate ; un coup de matraque peut ripper ; une lacrymo peut s’oublier dans une poubelle ; une injection de Rivotril peut finir dans l’évier ; un dossier d’expulsion, ça se perd…
Les comploteurs ont leurs agents « normaux » et zélés.
Complot et Chaos sont dans un bateau…
On constate que la répression anti-platistes ou contre les thèses de la Terre creuse reste plutôt légère, même inexistante. Par contre, contester les thèses du GIEC, la doxa covidiste ou dénoncer les trafics d’enfants expose à une censure active et à des risques proportionnés aux preuves apportées.
En sus d’une intention répressive cohérente, cela suggère, sinon une coordination, une communauté d’opinion et de valeurs entre des acteurs, disons, influents.
Toujours est-il qu’on assiste à l’expression d’une police de l’opinion qui choisit ses terrains de répression. Ce faisant, cette police, au nom de SON opinion, transgresse des pans entiers des droits positifs et naturels mis en exergue de la plupart des Constitutions mondiales. Faut-il que cette « opinion » soit si importante pour qu’elle mérite de telles transgressions et de si contestables démonstrations de force ?
Le sage dira que la censure est signe de faiblesse. Dont acte !
Elle est aussi le chemin de petits cailloux blancs qui nous mène aux commanditaires (s’ils existent).
Alors quels sont les sujets qui nous sont donnés en pâture et quels sont les totems qu’on nous intime l’ordre de respecter, de taire et, en définitive, de ne pas voir ?

Un chaos probable, imminent, une apocalypse qu’on pourrait empêcher, dont nous sommes responsables, qui mérite toute notre culpabilité, et qui génère toutes les peurs de l’enfer mais !!!… dont il est interdit de discuter. Bingo ! Nous y sommes !
On nous vend des peurs existentielles – climat, surpopulation, sécheresse, pandémie, pic pétrolier, épuisement des ressources et des sols, astéroïdes, extraterrestres, tremblements de terre et tsunamis, apocalypse nucléaire – que nous devons acheter comptant et contents, sans rien remettre en cause, ni discuter de la véracité ni de la relativité de ces épouvantails.
On nous vend donc des peurs existentielles… « on nous vend » puisque la solution à chaque problème, la seule systématiquement retenue, est une mise à « contribution financière » : taxes dédiées, impôts spéciaux, fonds publics de financement, plans d’austérité, sanctions pécuniaires, hausses de tarifs, chantages aux comportements vertueux et contrôle totalitaire sous peine d’amendes. Évidemment à condition de socialiser les pertes et de privatiser les bénéfices.
Toujours la même bonne vieille histoire répétée et répétée encore mais qui ne semble pas l’être assez puisqu’il se trouve toujours autant d’individus pour en accepter les termes sans broncher.
S’ajoutent à ces peurs, des angoisses générées par des désorganisations objectives qui surgissent en tir de plus en plus nourri, et se cumulent dans le temps sans qu’aucune ne soit jamais résolue ni même amoindrie.
Ici, délocalisations/désindustrialisations qui ont détruit le tissu économique et social, là-bas, productions intensives à bas coût sans protection sociale, ici et là-bas, dérégulation des économies permettant des mises en concurrence déloyales, organisation de racismes endémiques, de zizanies communautaristes (wokisme et cancel culture) et promotion de ressentiments croisés tout azimut, généralisation du deux poids/deux mesures en matière sociale ou juridique qui induisent toutes sortes de jalousies interclasses, interraciales, inter-genres, inter-ethnie, défaillance orchestrée des services publics et des filières d’intérêt général, fin des économies vivrières et mise au rebut des activités autonomes, sape des ambitions éducatives, destruction/perversion des patrimoines culturels et ringardisation des traditions, altération des systèmes de santé, industrialisation du divertissement aux dépens des spiritualités, de l’introspection et de l’hygiène mentale, nivellement par le bas à tous les étages, etc.
Désorganisées, atomisées, les scories de l’ancien monde, tels les débris flottants à la surface de l’océan après un naufrage, dérivent au gré de courants apparemment erratiques mais dont l’orientation reste à la main de turbines invisibles. Mais dans quel but ces turbines tournent-elles et qui les actionne ? Un Deus Ex-Machina ?
Faisons l’hypothèse que personne ne maîtrise consciemment ce mouvement sous-marin et délétère.
Pour autant, on constate une sorte de cohérence dans la somme des résultantes de chaque phénomène précité. Cette cohérence est troublante et mérite d’être questionnée.
Nous avons donc comme symptôme une désorganisation massive alimentée par un gigantesque « diviser pour mieux régner », par une précarisation généralisée des populations et par une emprise constante des esprits assiégés par des peurs diverses et variées.
Stratégie du Choc.
Cette désorganisation aboutit à un affaiblissement des économies, à une baisse de la production et du niveau de vie, à un chômage de masse, à un recul de l’espérance de vie et de la natalité, etc…
Alors deux questions se posent : Quels leviers sont défaillants et la défaillance de ces leviers est-elle volontaire ou pas ? Questions que l’on peut fusionner en une : Voyons-nous quelqu’un quelque part se consacrer réellement à la résolution des problèmes ?
Tout « haut responsable », élu ou autoproclamé, ne devrait-il pas s’inquiéter d’identifier en priorité et le plus précisément possible les forces délétères qui nous tirent vers le bas, et entreprendre de les contrecarrer ?
Mais réjouissons-nous, 2 Mrds d’€ seront dépensés pour un plan vélo et une taxe sur les abris de jardin est appliquée pour… ?
Le constat est évident et implacable.
Quiconque se revendiquant d’un minimum de rigueur intellectuelle pourra difficilement nier que les multiples errements de nos « dirigeants » figurent autant de diversions coupables qui, quand elles sont commentées, sont mollement qualifiées de manque de volonté politique ou de « comédie du pouvoir ». Plus lucidement, on évoque parfois l’inertie des uns ou la démission des autres. Mais on approche plus la vérité en parlant de trahison et de forfaiture.
Et pourquoi ces deux mots conviennent-ils mieux ? Parce qu’ils intègrent la notion de préméditation, d’intention.
« Gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser. »
Machiavel
Même si personne n’est aux manettes de l’hydre tentaculaire, nos dirigeants si responsables si intelligents si cultivés si brillants ne peuvent ignorer ce que tout à chacun peut constater de sa fenêtre, de sa rue, dans sa ville, de son compte en banque et de son frigo, des ruines industrielles aux champs en jachère, à la télévision ou sur les réseaux sociaux, de ses ancêtres et de l’histoire du pays, dans son cœur et pour l’avenir de ses enfants, tout à chacun connaît le désarroi général et chacun en entrevoit les causes.
Aucune des actions entreprises ne résout jamais aucun problème et aucune décision n’est jamais à la hauteur des enjeux. La récurrence des diversions confirme la préméditation, et la cohérence des désordres la confirme encore.
Tout converge. Tout est sur la table… pour ceux qui veulent se donner la peine de voir. Rien n’est caché.
Voyez, sans parler de K. Schwab, des Rothschild, des Rockfeller, de Soros, de B. Gates, de Yuval Hariri, de J. Attali, des Guide’s Stones, de Bourla, de Fauci et de l’OMS, de BlackRock ou de Vanguard, du transhumanisme ou des IA, il est possible de sentir la houle souterraine qui nous emporte, de juxtaposer les indices pour entrevoir une toile de fond étonnamment cohérente.
Que le Complot des complots existe ou pas n’est pas le plus important. L’important est de savoir vers où nous emmène cette vague et comment l’arrêter.
Sa fin : le pouvoir planétaire démiurgique
Ses moyens : Chaos… contrôle totalitaire… puis asservissement.
Et par-dessus tout, le couvercle urbi et orbi de la Propagande Reine
« La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. »
« La propagande ne cessera jamais d’exister. Les esprits intellectuels doivent comprendre qu’elle leur offre l’outil moderne dont ils doivent se saisir à des fins productives, pour créer de l’ordre à partir du chaos. »
Edward Bernays – Propaganda (1928)
Le Complot des complots n’existe peut-être pas. Nous avons plutôt affaire à une sorte d’immense convergence d’intérêts, une joint-venture du Mal. « L’homme à la cigarette » (X-Files) n’existe pas, mais le Club des fumeurs, oui. Et il a bien un plan, des complices et des intermédiaires.
« Je crois que notre génération doit savoir que la Bête de l’événement est là… et elle arrive »
Macron