Jean-Yves Le Drian
Ministre des affaires étrangères
Convoqué dans le cadre d’une enquête pour pour “atteinte aux biens publics et autres infractions” par la justice malienne au tribunal de Bamako le 20 juin 2022.
Les faits :
Selon un document officiel consulté par l’AFP, l’affaire date de 2015, lorsque Ibrahim Boubacar Keita était président du Mali. À cette époque, une société française -Oberthur Technologie- a obtenu pour une dizaine d’années le marché de fabrication des passeports biométriques maliens.
Cette convocation fait suite à une plainte d’une plateforme de plusieurs associations de la société civile malienne, dénommée “Maliko” (“La cause du Mali”). “C’est une histoire d’attribution d’un marché de fabrication de passeports maliens à une société française (à laquelle) le fils de Le Drian serait lié”. La plainte est donc déposée contre Jean-Yves Le Drian et Thomas Le Drian pour complicité de prise illégale d’intérêt et favoritisme.
D’après l’association, les procédures et règles instituées par la législation malienne, en particulier le décret… portant code des marchés publics, ont été allègrement violées à l’occasion de l’attribution du marché susmentionné.
En détail :
Le dossier remonte à 2015, lorsque Ibrahim Boubacar Keïta, alors au pouvoir, confie à Oberthur Technologies, aujourd’hui Idemia, la fabrication des passeports biométriques au Mali. Une décision que Maliko considère comme « illégale » car prise sans appel d’offres.
À l’époque déjà, ce choix fait polémique : pourquoi avoir choisi l’entreprise française alors que la Canadian Bank Note (CBN), la société canadienne qui détenait le marché depuis 2001, proposait des conditions financières plus avantageuses pour l’État malien ?
Dans une longue enquête de Jeune Afrique parue en juin 2021, plusieurs acteurs et témoins affirmaient que l’ancien maire de Lorient, très impliqué dans la politique de sa région, avait fait un lobbying intense auprès d’Ibrahim Boubacar Keïta pour que l’entreprise bretonne soit choisie. « Le Drian y tenait tellement qu’il a mentionné l’engagement militaire français au Mali lors des négociations », révélait alors un des proches collaborateurs d’IBK. Des accusations que le ministre français a toujours niées.